Et si le principal obstacle au réveil était notre conception du christianisme ?
Il m’arrive régulièrement de poser cette question à mes interlocuteurs : « Qu’est-ce qu’un chrétien ? » – « Quelle définition en donnez-vous ? »
Les réponses sont sensiblement toujours les mêmes : « Quelqu’un qui va à l’église », « Quelqu’un qui prie régulièrement », « Quelqu’un qui aime Jésus, qui est fidèle, qui s’est fait baptiser… qui parle en langue », etc.
Faites l’expérience. Arrêtez-vous quelques instants et posez-vous la question. Interrogez des croyants ou des incroyants. Vous obtiendrez une multitude de réactions plus ou moins du même genre.
Une bonne définition
Un jour, Jésus demanda à ses disciples : « Qui dit-on que je suis ? » (Luc 9 :18) Il y eut différentes réponses, mais seul Pierre lui dit : « Tu es le Christ ! », c’était une révélation du Saint-Esprit sur l’identité de Jésus. On voit aussi dans ce passage toute l’importance de savoir qui est réellement Jésus. Je vous laisse méditer sur les conséquences terribles d’en avoir une mauvaise compréhension. L’histoire nous en apprend beaucoup sur ces erreurs (arianisme, islam, Jésus seul…)
Vous remarquerez qu’il en est de même dans beaucoup de domaines. Il est important d’avoir une bonne définition. Vous pouvez avoir des discussions où l’on tourne en rond. Votre interlocuteur utilise un vocabulaire identique, mais en y mettant des concepts différents. Parler du « baptême du Saint-Esprit » n’a pas la même signification dans un milieu pentecôtiste, évangélique, réformé ou charismatique.
Et pour Jésus ?
Et si nous demandions à Jésus ce qu’est un chrétien pour lui ? Le terme n’apparaît pour la première fois qu’au chapitre 11 du livre des Actes (à Antioche). Dans les Évangiles, on utilisait le mot « DISCIPLE ». On peut donc reformuler la question : « Pour Jésus, qu’est-ce qu’un disciple ? »
Et là, ça fait mal ! L’exigence de Jésus est assez loin des préoccupations de notre christianisme moderne. Je vous laisse juge :
Luc 14:25 de grandes foules faisaient route avec Jésus. Il se retourna, et leur dit : 26 Si quelqu’un vient à moi, et s’il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. 27 Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suit pas ne peut être mon disciple… 33 Ainsi donc, quiconque d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il possède ne peut être mon disciple.
Jésus ne s’adressait pas à une élite (un groupe restreint d’amis), mais à la foule et son exigence était RADICALE, c’est le moins qu’on puisse dire. On est loin de nos appels à la conversion. « STP, lève la main pour accepter Jésus dans ton cœur. » Rassurez-vous je n’ai rien contre le ministère d’évangéliste. Je comprends très bien la démarche, mais on parle peut-être un peu trop vite de conversion dans certains cas.
Dans notre conception du christianisme, on nous présente ces exigences comme un but à atteindre, une utopie à réaliser… Alors que pour Jésus, c’était l’abc, le commencement, le fondement sur lequel la vie chrétienne doit démarrer.
Le terme « haïr » du verset 26 est terriblement dur. Il ne faut évidemment pas le prendre au sens littéral. Ce qui serait en contradiction complète avec les commandements d’honorer ses parents et d’aimer ses prochains. Mais il nous montre la priorité ABSOLUE que Dieu doit avoir pour nous. On est loin du monde des bisounours et de notre humanisme.
La croix que Jésus nous demande de porter n’a rien à voir avec le fait de supporter sa belle-mère ou d’exhiber un bijou en pendentif. C’était un instrument de torture et d’exécution. Porter sa croix signifie être condamné à mort. Nous avons vite fait d’en spiritualiser le sens. La foule qui entendait ces paroles comprenait très bien ce que Jésus disait.
Enfin, « le renoncement à tout » du verset 33 est une fameuse épine pour les adeptes de la théologie de prospérité ou pour les chrétiens radins, veillant sur leurs économies… Je ne suis pas pour autant un partisan d’une théologie de la pauvreté ou du misérabilisme. Je crois en un Dieu qui aime bénir ses enfants. Chacune des conditions pourrait faire l’objet d’une prédication ou d’un article. Je ne fais qu’effleurer le sujet et ses conséquences.
En y réfléchissant un petit peu, on voit tout de suite la futilité de certains de nos débats : « Un chrétien doit-il donner sa dîme ? », « Un chrétien, peut-il chasser des démons ? », le style de musique dans l’Église, la durée des sermons, la couleur de la moquette… Ce sont des questions qui deviennent idiotes quand on est prêt à mourir pour sa foi. C’est ce qui fait la différence entre un chrétien et un bon paroissien (qui a un avis sur tout et qui ne fait rien du tout).
Et si le réveil consistait simplement à revenir à Jésus et à obéir à son enseignement ? Alors chrétien ou paroissien ?